Du 17 au 19 juin, j’ai eu la chance d’assister (et de participer activement en animant deux workshops avec ma comparse d’Angers, Maud Puaud) à la conférence UXLibs V qui se tenait sur le campus de la Royal Holloway University of London.
UXLibs, c’est quoi ?
Organisées par Andy Priestner, les conférences « User experience in librairies » font intervenir de nombreux professionnels venant du monde entier autour des questions que pose la démarche utilisateur en bibliothèque.
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille vivement la lecture de Utile, utilisable, désirable, écrit par Aaron Schmidt et Amanda Etches (traduction collective sous la direction de Nathalie Clot) que vous trouverez librement accessible sur le site de l’Enssib : https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/68252-utile-utilisable-desirable.pdf
Vous pouvez également commander les yearbooks des années précédentes sur le site de UxLibs.
Le workshop « Drawing for UX »
Maud et moi avons animé à deux reprises un workshop sur la pensée visuelle avec un focus sur deux techniques, le storyboard et le sketchnote.
Vous trouverez notre diaporama ici
et nos deux leaflets :
Nous étions un peu stressées (c’est peu de le dire…) à l’idée d’animer deux heures en anglais, du coup nous avons rédigé toute notre intervention sur des fiches de bibliothèque que nous avons assemblées avec de la ficelle. Bon, le prototype est à améliorer car la ficelle – trop longue – s’est emmêlée plusieurs fois au cours des ateliers. Mais l’idée est là et ces petites cartes nous ont bien servi !
Le tout, in english my dear
Ouaip. Vous m’auriez dit ça il y a quelques années je vous aurais rigolé au nez. J’ai encore en mémoire des remarques très désobligeantes entendues par rapport à mon anglais parlé (je précise que je lis un livre sans problème) et en bonne petite french girl j’ai eu tout au long de ma scolarité des enseignants bloqués sur la grammaire et sur un vocabulaire dignes de traduire Proust (les colles sur des chapitres entiers du Mot et l’idée me font encore cauchemarder…). Bref, tout ça pour dire que je ne parle pas très bien anglais et que j’ai un accent bien bien frenchie (allez écouter le podcast de la Sketchnote Army, vous verrez, il y a des « euh… » partout). Mais à la différence d’il y a quelques années, c’est qu’aujourd’hui, je me contrefiche complètement de bien ou de mal parler et que, surtout, je me suis rendue compte que ça ne m’empêchait pas du tout d’être comprise et d’échanger. Par contre, je précise tout de suite à mon interlocuteur qu’il faut y aller mollo avec moi (et a priori les gens sont très sympas et compréhensifs 😉 ). Donc à part les accents qui, là, s’ils sont trop marqués, me posent de vrais gros problèmes de compréhension, tout s’est très bien passé. Je note néanmoins l’immense fatigue liée à la gymnastique constante qu’a dû faire mon cerveau pour comprendre, parler, participer aux exercices, sketchnoter en direct…
Mes notes
Matériel : j’ai utilisé un pack de feutres Faber-Castell, un micron 0.1 et un feutre pinceau gris Tombow sur un carnet « leporello » de Moleskine.
Je voulais me faire un « carnet de bord » pour garder trace des contenus et de l’ambiance de ces 3 jours.
J’ai réalisé tous mes sketchnotes en direct excepté celui de la conférence de Claire Browne « Internships and ethnography » où – trop fatiguée – j’ai principalement pris des photos et fait des contenants pendant qu’elle parlait. Franchement, une seule conférence à reprendre après coup c’est tout à fait jouable. Pour les reste, je me suis surtout relue (en espérant ne pas avoir trop dénaturé la parole des auteurs…).
DAY 1: Monday, 17th of june, pre-conference workshop
DAY 2: Tuesday, 18th of june, day of our workshops
DAY 3 : Wednesday, 19th of june, big final!
Tous les sketchnotes sont téléchargeables depuis ici. / All the sketchnotes can be downloaded from here.
Ce que j’en retiens
- Une communauté incroyable, bienveillante, j’ai adoré échanger avec les gens, découvrir leurs projets, trinquer avec eux :p Thank you guys!!
- Nous ne sommes pas nos usagers : ça fait du bien de se l’entendre répéter encore et encore. Je vais me l’écrire en grand et l’afficher sur mon mur d’inspiration à la bibliothèque, histoire de ne pas le perdre de vue
- Il est urgent d’arrêter les rapports interminables (ah bon ?!? :p ) et les décisions qui n’aboutissent qu’au bout de 6 mois (quand elles aboutissent)
- L’expérimentation ou ce que j’appelle la « pensée hop hop hop ! » (design, test, affinage du prototype et c’est reparti) et notamment la précision d’Andy Priestner : nous n’avons pas besoin de demander l’autorisation à tout le monde pour tester, il faut que ça aille vite et passer son temps à en référer aux hiérarchies ou aux équipes élargies ralentit tout. L’UX, ce n’est pas ce que pense l’équipe, c’est ce que pense l’usager. Aux organisations de mettre leur ego de côté. Note à moi-même : on a du taf.
- Se réserver un temps d’observation des comportements, tester nos espaces comme des usagers, décentrer notre regard : on a souvent « pas de temps » pour ce temps-là alors qu’il est fondamental
- Faire évoluer notre rapport aux erreurs (c’est un sujet qui me pose question depuis un bon moment : cf. Atelier Agile Le Mans). C’est un sujet difficile car une erreur s’accompagne souvent de tout un lot d’émotions (honte, culpabilité, doute, découragement, peur de réessayer,…) qu’il s’agit aussi d’apprendre à accueillir et accepter. En vrai, nous faisons souvent tout un plat de nos erreurs alors qu’elles ont souvent très peu d’impact…
- Nous avons désormais une « reine des toilettes » en France, well done Nathalie Clot! Long live the Queen!